mardi 27 avril 2010

Cerisiers en fleurs




J'ai déjà eu l'occasion de dire les sentiments que m'inspire l'été et le goût qu'il me donne pour l'Amérique latine. Le printemps aussi m'inspire des rêveries exotiques et dès les premiers bourgeons, je rêve de cerisiers en fleurs et les billets sur le blog de mon amie, Cléophée looking at the sky, sur ce thème accentuent encore ce désir. C'est l'occasion de mettre ici un peu de culture japonaise, culture à laquelle je me suis intéressé d'abord au sujet des jardins secs, puis en lisant Le Livre du thé de Kakuzô Okakura. Culture qui néanmoins reste pour moi absolument mystérieuse, complètement étrange, mais pour cette raison d'autant plus fascinante. Les poèmes courts (tanka, haïku...) sont, à cet égard, tout à fait emblématiques. Je les vois comme de petits grains d'opacité, ou plutôt de petits grains de croustillance. De petites pièces sur des sujets très familiers, mais que la brièveté rend formidablement contingentes. Et c'est cette contingence même qui laisse subodorer, imaginer plutôt d'entrevoir, tout un univers de sens, de pensées et de sensualité.

Je choisis un seul poème, pour ne pas briser cet effet, car cette forme incite à rassembler plusieurs pièces, donnant à chacune le statut d'une strophe et diminuant ainsi l'étrangeté de cette atomicité.
Fleurs de cerisiers
Qui ne connaissez le printemps
Que depuis cette année,
Puissiez-vous ne jamais apprendre
Qu'un jour vous devrez tomber.

(Ki no Tsurayuki, Kokinshû I, 49 ; trad. G. Renondeau in Anthologie de la poésie japonaise classique, Poésie Gallimard, p. 143)
(Crédits photographiques : Photo de Jeffrey Friedl)